Alors que le One Ocean Summit met à l’honneur la place des femmes dans les activités maritimes et que la journée internationale des femmes et des filles de science se déroule aujourd’hui, découvrez les portraits d‘Eloïse Le Bras et Claire Papot, nos deux scientifiques passionnées de biologie marine.
Eloïse Le Bras, Biologiste et Marin
Quel est ton parcours ?
Depuis ma plus tendre enfance, je vis avec l’océan une communion sans partage. Ma curiosité m’a toujours poussée à multiplier les expériences en lien avec la mer. Après un cycle d’étude classique et l’obtention d’un Master en gestion de l’environnement que j’ai réussi à composer grâce au programme Erasmus dans 5 pays différents (France, Allemagne, Russie, Espagne, Indonésie), j’ai rejoint l’ONG « Earthworm Foundation » pour travailler sur la traçabilité de divers produits (huiles essentielles, charbon de bois, etc.).
Puis en 2019, j’ai rejoint Iodysséus, un programme de recherche sur la biosphère océanique et de sensibilisation du grand public, reconnu par les Nations Unies.
J’ai embarqué sur les expéditions puis j’ai intégré la structure Iodysséus comme service civique puis à temps plein. J’ai découvert la navigation hauturière au travers d’expéditions scientifiques à la voile. C’est à ce moment que j’ai réalisé que je pouvais lier mon métier de biologiste avec ma passion pour la navigation.
Quelle est ta fonction chez Blue Observer ?
Je suis biologiste embarquée et marin. Cette double casquette permet d’assurer les quarts et les manœuvres de navigation tout en réalisant des manipulations de biologie marine : collecte de plancton marin et aérien suivant des protocoles stricts pour nos laboratoires partenaires, mesures de salinité et de température des eaux de surface et observation météo entre autres.
Au début du projet Blue Observer, j’ai participé aux réflexions sur les activités et sur la faisabilité, aux premiers échanges avec nos partenaires ainsi qu’aux rénovations et améliorations du bateau au moment de son acquisition.
L’océan en 3 mots ?
Extrême : au large, tout est décuplé, le froid est très froid, le chaud est atrocement chaud. Les éléments qu’on connait en navigation côtière prennent des dimensions impressionnantes : le vent forcit, les vagues se creusent. L’océan est vraiment un milieu extrême.
Sérénité : quand le bateau glisse sur l’eau, on se laisse porter et l’esprit vagabonde de vague en vague. On réalise qu’on est tout petit au milieu de l’océan immense et on se laisse bercer.
Vie : L’océan n’est pas seulement la production d’oxygène et le puits de carbone planétaire, il EST la vie. Une incroyable biodiversité évolue en 3D en respectant l’harmonie des réseaux trophiques. Même si beaucoup d’espèces sont aujourd’hui menacées, l’océan lui sera toujours là.
Claire Papot, Responsable scientifique
Quel est ton parcours ?
J’ai une formation en biologie des organismes marins à l’Institut Universitaire Européen de la Mer de Plouzané et une thèse en évolution moléculaire que j’ai effectuée entre l’Université de Lille et la Station Biologique de Roscoff.
Pendant cette thèse, j’ai étudié les mécanismes évolutifs qui ont façonné l’histoire d’une famille de gènes qui codent pour des molécules antibiotiques synthétisées par des vers marins. A la base, j’ai donc un cursus axé purement recherche fondamentale qui est essentielle pour participer à l’acquisition de connaissances sur les écosystèmes marins.
Mais il y avait aussi un côté appliqué à mon travail de recherche puisque basé sur des molécules antibiotiques avec des applications potentielles en santé humaine. C’est ce côté valorisation de molécules issues d’organismes marins que j’ai eu envie d’explorer et c’est entre autre ce que je vais faire au sein de Blue Observer.
Quelle est ta fonction chez Blue Observer ?
Au sein de Blue Observer, je suis responsable scientifique des aspects biologie et microbiologie. Je suis en charge d’un projet de création de souchothèque en collaboration avec la Station Biologique de Roscoff et soutenu par la région Bretagne. Des micro-organismes planctoniques et des aérosols marins vont être isolés et pourront être proposés aux industriels pour engager ou améliorer leur transition écologique. Le but sera de valoriser des produits naturels issus de ces organismes marins en cosmétique, nutraceutique et santé. Du coté biologie marine toujours, je vais aussi suivre les demandes de projets collaboratifs scientifiques puisqu’un laboratoire de biologie/microbiologie à été mis au point au sein du voilier Iris. Il y a également toute une activité de recherche et suivi de partenariat potentiel pour l’innovation en lien avec la biologie marine.
L’océan en 3 mots ?
Biodiversité forcément. La biodiversité marine est d’une richesse extraordinaire. Il y a de quoi s’émerveiller. Malgré cela, elle est encore largement méconnue : par exemple au niveau des micro-organismes, on estime que 99% des espèces restent à découvrir. La recherche a encore de belles heures devant elle !
Je dirais aussi responsabilités puisqu’on a collectivement un rôle à jouer pour protéger le premier poumon de la Terre et il me semble que certaines solutions peuvent émerger directement des océans.
Ensuite, liberté, c’est le sentiment que j’ai chaque fois que je fais de la voile, ça vide la tête et ça ressource.