L’équipage de Blue Observer a rejoint l’île de São Vicente de l’archipel du Cap-Vert mardi 22 février à 2 heures du matin (heure locale) après 24 jours de mer depuis l’île de Sainte-Hélène. Ce sont au total 82 jours de mer que nos marins et scientifiques embarqués ont partagés ensemble à bord d’Iris.
Cette escale au Cap-Vert permettra de faire une relève d’équipage avant de reprendre la mer pour rejoindre Brest, port d’attache du voilier. Iris devrait pointer le bout de son étrave dans la rade de Brest autour du 10 – 15 mars. Durant cette dernière étape, les activités de microbiologie vont se poursuivre à bord.
Déploiement de 95 flotteurs Argo, une première mondiale
C’est la première fois au monde qu’une quantité de flotteurs aussi importante est déployée à la voile. Les 95 flotteurs profilants Argo déployés sont opérationnels et ont démarré leurs cycles de vie dans les océans. Ils mesurent la salinité et la température de l’eau à des endroits bien définis et voguent au gré des courants pour apporter des données précises aux scientifiques.
Revivez le déploiement du dernier flotteur en images :
La microbiologie à bord d'Iris
Les prélèvements d’échantillons aérosols et marins se poursuivent tout au long de la navigation jusqu’à Brest. Nous avons développé des protocoles de collecte de phytoplancton à partir d’échantillons aquatiques et aérosols.
Dans le cadre du partenariat avec la Station Biologique de Roscoff, nous créons actuellement une « Souchothèque » (bibliothèque d’échantillons) qui conservera des centaines de souches de micro-organismes marins (caractérisées génétiquement et isolées).
Elle sera ensuite utilisée comme base pour identifier des molécules d’intérêt pour les acteurs de la biotechnologie marine car le phytoplancton représente un immense potentiel d’innovation pour les industries de la santé, de la nutraceutique et de la cosmétique.
Découvrez les protocoles de prélèvements qu’Eloïse Le Bras met en oeuvre à bord pour récolter du plancton marin et aérien :
L'observation de cétacés
La navigation a été rythmée par la rencontre de mammifères marins dans le Golfe de Guinée notamment : baleine à bosse, dauphins clymènes, dauphins tachetés de blanc, etc. Toutes les observations ont scrupuleusement été notées et envoyées au WHOI dans le cadre de l’étude sur les mammifères marins.
Journal de bord
En contournant l’île de Sainte-Hélène le 28 janvier pour faire cap vers le Sud-Est, un fort vent du Sud a replongé l’équipage dans la navigation au près. Pendant plus d’une semaine, le vent a fait face à Iris qui a adapté sa trajectoire au plan de déploiement des flotteurs.
Le premier virage vers l’Ouest a sonné le début de la grande traversée retour. Le vent du Sud-Est est resté présent et l’équipage a rapidement hissé le spi permettant de naviguer au portant. Après plusieurs semaines à la gîte, les marins embarqués ont appris à ne plus vivre penchés. A mesure que le bateau a remonté l’océan Atlantique en direction de l’équateur, nos marins ont de nouveau goûté à la chaleur moite de ces latitudes. Le quotidien du bord a été rythmé par de multiples rencontres : un banc de thon qui a suivi Iris pendant plusieurs jours sur des dizaines de milles, jouant comme des dauphins à l’étrave du bateau, et de nombreux poissons volants notamment. La pêche d’une dorade coryphène a fait l’événement à bord.
La route s’est poursuivie à travers le pot au noir. L’équipage a fait face aux caprices de la zone de convergence intertropicale avant de continuer sa route jusqu’à l’archipel du Cap Vert.
L'océanographie à la voile, un modèle viable
L’équipage est formel : notre voilier Iris est fiable, sécurisé, rapide et adapté avec une grande autonomie à la voile. La transformation du bateau de course de Jean-Luc Van Den Heede en voilier océanographique est un succès.
L’océanographie à la voile répond à de nombreuses problématiques et ouvre un nouveau champ de possibilités. Les avantages de notre voilier :
Economique : le coût journalier de mer représente une fraction du coût en bateau à moteur. L’autonomie de la propulsion vélique permet de naviguer dans des zones maritimes reculées.
Propre : la navigation à la voile est décarbonée et respectueuse de l’environnement. Elle évite tout rejet polluant dans l’eau ou l’air et permet de récolter des échantillons microbiologiques non contaminés.
Flexible : la taille de notre bateau ainsi que l’agilité de notre structure permettent de préparer des missions rapidement.
Silencieux : l’impact acoustique d’un bateau à voile est très limité et évite de perturber la faune marine. Cela permet d’effectuer des missions d’observation, des cétacés notamment, dans des conditions idéales.