Le voilier océanographique de Blue Observer est arrivé à Sainte-Hélène
Le voilier français de Blue Observer a bouclé avec succès ce mercredi 19 janvier la deuxième des trois étapes de sa grande mission océanographique.
À la seule force du vent et en 36 jours, l’équipage de six personnes mené par le navigateur Eric Defert a parcouru plus de 6 000 milles entre Woods Hole (Etats-Unis) et l’île de Sainte-Hélène (UK).
Tout au long du parcours, 46 flotteurs profilants Argo ont été déployés à des positions GPS prédéfinies pour le compte des Etats-Unis et du Canada.
Eric Defert raconte cette première mondiale et évoque les enjeux de cette expédition inaugurale.
Une mission océanographique d’une ampleur inédite à la voile
Après avoir bouclé en 22 jours la première étape de leur périple entre Brest et Woods Hole, dans le Massachusetts, les marins, scientifiques et ingénieurs qui compose l’équipage d’Iris sont repartis des Etats-Unis le 14 décembre dernier.
Ce mercredi 19 janvier à 3h00 du matin (heure française), ils ont donc rallié l’île de Sainte-Hélène et terminé sans encombre la deuxième grande traversée de l’expédition de trois mois ayant notamment pour but de déployer 46 flotteurs océanographiques Argo pour le compte des Etats-Unis et du Canada.
Ce réseau vise à observer le plus finement possible les océans, et à interpréter leurs modifications, à travers des mesures de température, de salinité et de courants. Pour rappel, cette mission internationale est notamment financée par la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration).
Blue Observer est le tout premier navire à voile à déployer des instruments à cette échelle.
Sont également prévus des prélèvements d’aérosols et d’eau en haute mer. Eloïse Le Bras, biologiste embarquée, mène deux grandes missions à bord d’Iris pendant l’expédition. L’une d’elles consiste à prélever des échantillons aérosols pour le compte de l’Institut de Chimie de Clermont-Ferrand (CNRS) et l’Université de Laval au Canada. L’objectif de l’étude menée conjointement par ces 2 instituts consiste à séquencer l’ADN pour étudier les gènes de résistance aux antibiotiques.
Enfin, une mission d’observation des mammifères marins est également au programme.
Pour en savoir plus sur la transatlantique de Brest à Woods Hole et le déploiement des premiers instruments océanographiques :
Si le fait de naviguer à la voile plutôt qu’au moteur comporte des avantages indéniables, à commencer par une pollution et des coûts moindres, il complexifie aussi la donne en termes de navigation.
« Au moteur, on met le cap sur le point à viser et c’est parti. À la voile, on est davantage tributaire des conditions, il faut affiner la route, tirer les bons bords, anticiper, réduire la toile si besoin. On ne s’ennuie pas à bord »
Eric Defert
Capitaine du voilier Iris
Eric Defert semble ravi du choix de son voilier :
« Cela sollicite l’équipage qui doit s’adapter en permanence. C’est un exercice passionnant, d’autant que la route maritime entre le Massachusetts et Sainte-Hélène n’est pas courante »
Eric Defert se réjouit :
« Il est parfait, il nous donne entière satisfaction que ce soit au niveau de sa vitesse ou de sa robustesse. L’expédition est un succès, tous les flotteurs déployés fonctionnent correctement »
La démarche de Blue Observer marque le début d’une nouvelle ère. En explorateurs des temps modernes, les marins embarqués ouvrent une nouvelle voie en prouvant que des expéditions scientifiques d’envergure peuvent parfaitement être effectuées à la voile.
Mener pendant 36 jours un équipage de six personnes dans des conditions spartiates : un vrai défi humain
Entre les Etats-Unis et Sainte-Hélène, l’équipage de Blue Observer a connu des conditions diverses avec une alternance de phases toniques et rapides, et d’autres moments plus instables avec des grains.
La constante de cette longue navigation a été la forte chaleur et la moiteur. Initialement conçu par Jean-Luc Van Den Heede pour naviguer en solitaire, Blue Observer est un voilier étroit au confort rudimentaire.
L’espace de vie est d’autant plus réduit que le matériel scientifique embarqué prend beaucoup de place. « Il n’y a pas cabine et donc pas d’intimité mais chacun fait des efforts et tout se passe bien », souligne Eric Defert.
« Nous restons dans une bonne dynamique avant la troisième et dernière grande traversée de notre expédition. »
Eric Defert
Capitaine du voilier Iris
Début février, l’équipage repartira en effet de Sainte-Hélène pour une nouvelle aventure de 6 500 milles vers le Cap-Vert puis Brest, avec une arrivée prévue courant mars.
Blue Observer présente son documentaire
Découvrez l’histoire d’une première mondiale à la voile, au service de l’océan et du climat.